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Robert Vincent auteur quadrumane normand
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30 juillet 2014

Hier sur A2 : La Suisse Normande, un lieu de vacances méconnu à (re)découvrir.

http://www.francetvinfo.fr/serie-lieux-de-vacances-a-redecouvrir-suisse-normande_658649.html

(Encore 6 jours pour (re)voir ce magazine de l'été toursitique sur A2).

En lisant un Vélodrame en Normandie, roman policier d'inspiration psychédélique, faites-y un tour sur place ou sans quitter votre fauteuil, votre lit ou la selle de votre vélo d'appartement. Le commandant Faidherbe est accompagné en Suisse Normande par une fine équipe à la tête de laquelle se trouve le lieuteneant Etrela lors d'une cure à Bagnoles-de-l'Orne.

couverture6

Extrait :

 

Sa tête est lourde. Il cherche Roseline du bras, il ne se passe rien comme si ses membres étaient ankylosés.  Elle doit être déjà levée. Il a aussi la désagréable impression de tanguer. Sûr, c'est une sacrée indigestion. Il voudrait se lever mais il se sent  enveloppé dans sa couche. Un air doux et parfumé lui chatouille les narines. Ils ne dorment pas fenêtre ouverte d'habitude car Roseline craint les chauves-souris qui volettent autour de la maison toutes les nuits. Il se fait violence et veut se redresser. Sa couche est profonde, on croirait que le lit s'est creusé sous son poids. Et ce n'est plus du tangage, c'est un méchant balancement latéral qui le déséquilibre. Il se rattrape à gauche et à droite à ses draps pour ne pas chuter et s'efforce de tenir les yeux ouverts. Le plafond est bleu. Il le pensait blanc. En dessous, c'est la verdure, avec des bouts de roches acérés qui émergent et une paroi grisâtre à sa droite sur laquelle il pourrait se cogner. Où est-il, bon Dieu ?

    - Ça va, monsieur ? Vous êtes bien le lieutenant Victor Etrela, de la P.J. du Havre, né le 18 octobre 1977 à Sainte-Adresse, n'est-ce pas ?

    Cette voix qui l'appelle du sommet et résonne dans toute la vallée, c'est celle de l'adjudant-chef Alison J. Celerier, entourée d'une brigade de gendarmes et de pompiers. En guise de réponse, Victor Etrela hurle. Son cri est répercuté par un écho formidable. Normal, le policier est suspendu à 110 mètres du sol dans un hamac, comme une goutte au nez du visage de pierre qui se découpe sur la roche d'Oëtre. "Panorama exceptionnel, site emblématique" de la Suisse normande disent les guides.  Mon œil ! La vue est belle, certainement, mais Etrela préfère refermer les yeux. Il entend une rivière couler loin dessous, la forêt bruire de sa vie matinale tout autour et au-dessus de lui cacarder un vol d'oies sauvages par-dessus les commentaires des équipes de secours, des touristes, de la télévision régionale et des envoyés de la presse locale. Il a le vertige.

    - Ne paniquez pas, monsieur Etrela, on va vous remonter, mais ça va prendre un certain temps, lui dit une voix à quelques mètres plus haut, trois fois répercutée par l'écho.

    Une manoeuvre maladroite des sauveteurs le fait tournoyer sur lui-même.

    Il rouvre les yeux. Horreur et double humiliation : il est non seulement suspendu au-dessus du vide à son insu, mais il est aussi complètement nu.

Robert Vincent, Un Vélodrame en Normandie, ch. 12 pp.60 & 61, éd. C. Corlet, 2012.

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