Un mot sur Yport épique
L'intrigue d'Yport épique :
L'idée de situer l'action à Yport est venue du titre jeu de
mot qui a précédé tout le reste du roman. Par ailleurs l'un de nous
avait assisté à la procession religieuse du 15 août et avait été frappé
de la coexistence incongrue de deux mondes antinomiques au même moment
au même endroit : celui de l'acte religieux de la procession et
l'activité profane des baigneurs. On ne pouvait pas manquer d'utiliser
cet épisode de la vie yportaise comme moment romanesque. Il ouvre le
roman et comme, il ne faut pas tarder de présenter un crime dans un
roman policier de ce type, sous peine de donner l'impression de traîner,
faisant d'une pierre deux coups, la procession devient le moment du
crime. La victime s'impose d'emblée : le personnage central de la
procession et le plus sacré, celui qui à cette occasion avec sa
bénédiction ne fait que du bien aux autres : le prêtre.
Nous avions envie aussi que l'eau, la mer jouent un rôle dans ce
roman, ainsi que le monde de la plongée : l'arme, qui depuis le titre
devait être pointue, est venue de là : une flèche d'arbalète de chasse
sous-marine qui créait deux possibilités et donc une incertitude : la
flèche était tirée de la barque même ou de la mer.
Le
rôle du romancier dans le genre choisi est de promener le lecteur dans
différentes possibilités et de le faire hésiter, et hésiter lui-même,
entre différents coupables possibles. Ici le premier suspect est celui
auquel on s'attendrait le moins : un enfant et, qui plus est, enfant de
chœur. Sera-t-il le vrai coupable ? Pourquoi pas ?
Il se trouve en outre que le 15 août à Yport est l'occasion d'un
rassemblement de peintres et d'une fête de l'art aussi : d'où nous est
venue l'idée que l'art aussi pourrait pousser au crime.
Par le biais de la mer, nous avons rattaché à cette intrigue des
faits historiques (la destruction du charbonnier Niobé en 1940) et
l'ouragan Katrina aux Etats-Unis qui a permis à des dauphins tueurs de
s'échapper de leurs marinas. Cela présente l'avantage de donner l'air
du large à notre roman au lieu de le cantonner étroitement dans un cadre
exclusivement régional : il s'ouvre au monde. C'est dans le vent, à la
mode, tendance ; ainsi surfons-nous sur la vague de la mondialisation
avec bonheur.